On en apprend à tout âge et c'est tant mieux car la vie serait bien ennuyeuse si l'on savait tout, tout de suite.
Je vous dis ça parce que je viens de découvrir ce que sont les pieds paquets.
Alors bien sûr, j'en vois ça et là, dans le fond, qui ricanent en se demandant comment diable on peut ignorer ce que sont ces pieds paquets que le monde entier nous envie, que c'est une honte, que ça devrait faire partie du bagage intellectuel de tout bon Français qui se respecte, que tout fout le camp, que le débat sur la nationalité aurait dû prendre en compte cet élément fondamental du patrimoine, au même titre que la 2CV, les cachous Lajaunie ou les grèves de la SNCF un pont du 15 août.
Je l'avoue, j'ai honte. Mais la bonne nouvelle, pour moi en tous cas, c'est que je mourrais moins bête.
Et maintenant que j'ai découvert de quoi il s'agit SUR LE PAPIER, j'aimerais bien savoir quel goût ça a...
Parce que pour les rares personnes qui ignorent également ce que c'est, je précise que les pieds paquets ne sont pas une manière ancestrale d'envelopper les orteils, mais bel et bien un plat régional français. Provençal pour tout dire.
Lorsque j'en ai lu la recette (sur Internet, comme vous le savez sans doute, on trouve tout), j'ai cru qu' il s'agissait d'une blague. Puis j'ai dû me rendre à l'évidence : ça existe !
Au premier abord, c'est une sorte de version gauloise de la fameuse panse de brebis farcie (le haggis*) écossaise et, au deuxième rabord, j'ai constaté que ça y ressemblait bigrement.
C'est -tenez-vous bien- composé d'abats (de tripes pour être précis) et de pieds de mouton farcis de persil, ail, poivre, poitrine de porc et ou petit-salé mijotés dans une sauce au vin blanc et à la tomate (rien que du léger). Et comme on n'a rien sans rien, il paraît qu'il faut entre 8 et 10 heures de préparation, cuisson comprise.
Le plat fraîcheur par excellence....
Accessoirement, vous pouvez également vous munir d'une boîte ou deux d'Alka Setltzer mais surtout n'envisagez aucun effort physique après le repas et annulez vos rendez-vous galants (vous risqueriez de faire piètre figure).
Comment diable, quelqu'un, un jour, a bien pu avoir l'idée de mettre au point un truc aussi saugrenu ? Peut-être à l'occasion d'un concours ou d'un pari...
Bon, je vous ai donné là une recette très approximative. Si vous voulez vraiment vous y coller, c'est à vos risques et périls et je vous suggère dans ce cas d'aller faire un tour sur l'un des nombreux sites qui la donne in extenso, comme celui-ci, par exemple.
On se demande malgré tout comment les Provençaux, qui vivent à priori dans une contrée ensoleillée où l'on a plutôt tendance à manger léger, ont pu mettre au point un truc pareil. Pas étonnant qu'ils aient la réputation d'aimer faire la sieste aprés déjeuner...
Il faut savoir également que, préparés sans sauce tomate et dégustés en vinaigrette, les pieds paquets sont appellés alors "tripo à la reboulado" (tout un poème).
Il paraît qu'en Provence toutes les familles en font et qu'ils sont à la carte de tous les restaurants de la région. J'ai pourtant de la famille dans le sud de la France et je vous garantis malgré tout que je n'ai jamais eu l'honneur de m'en voir offrir. Il faudra que je dise deux mots à ma famille...
Je sais pas vous, mais moi ça me donne vraiment faim...
Le plus "culture" : les pieds-paquets (ou "pieds et paquets", les avis divergent) auraient été inventés au XIXe siècle par un certain Ginouvès, cuisinier du quartier marseillais de la Pomme, qui s' est inspiré des tripes à la mode de Caen en remplaçant la panse de boeuf par celle du mouton.
Il fallait que ça soit dit.
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* Je me suis laissé dire qu'on retrouve à peu de choses près le même plat chez les Berbères (le porc en moins, je suppose) .
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