Le 20 juin 2011, subrepticement, tandis que les media se faisaient avec délectation l'écho des frasques croustillantes ("Vas-y coco, on va en vendre du papier cet été") plus racoleuses d'un ancien patron socialiste du FMI et d'un ancien ministre UMP ou revenaient ad nauseam sur la pathétique saga familliale d'une des plus grosses fortunes mondiales (parce qu'elle le vaut bien), la Commission Européenne a annoncé une réduction pour le moins "drastique" (c'est comme ça qu'on dit en général), pour 2012, de l’allocation au programme d’aide alimentaire destiné aux plus démunis (PEAD) qui sera ramenée de 500 à... 113 millions d’euros (!).
Cette aide qui permet(tait) de financer un programme représentant à peine 1% du budget de la Politique Agricole Commune (la fameuse PAC) apportait un financement aux 240 banques alimentaires européennes qui viennent en aide aux Européens les plus démunis.
13 millions de personnes en Europe ont dépendu en 2006 de cette aide (tandis que, selon les chiffres même de la commission européenne, 43 millions de personnes en Europe sont menacées de ce qu'on nomme pudiquement "pauvreté alimentaire", c'est-à-dire sont à deux doigts de mourir de faim -en Europe !). En France seulement, l'aide bénéficierait à deux millions de personnes -évaluation basse.
Mais voila, il semblerait que la PAC n'a pas pour mission de participer à un programme "social" . A tel point que l'Allemagne, pays dont connait les graves difficultes financières (humour), soutenue par six autres Etats européens qui ne participent même pas à ce programme, a décidé d’introduire une plainte devant la Cour européenne de Justice, arguant que cette aide ne pouvait être soutenue par le Budget de la Politique agricole commune (PAC).
La Cour européenne de justice leur a donné raison en avril.
L'argument "juridique" (sic) étant que "la réglementation actuelle impose que les denrées couvertes par ce régime proviennent des stocks publics de l'UE. Par conséquent, le programme 2012 prévoit exclusivement de puiser dans les stocks d'intervention existants disponibles". Personnellement, je ne comprends rien a ce charabia, mais il semble que "La Loi, c'est la Loi" et que, par conséquent, les pauvres sont priés de fermer leur gueule et de crever en silence...
Moi qui pensais candidement que l'Europe devait être sociale ou ne pas être (actuellement, soyons lucides, l'Europe n'est rien d'autre qu'un club destiné a permettre aux grands groupes industriels et financiers européens de se faire un maximum de fric en prenant en otage les gouvernements, quel que soit leur bord, sous couvert de "bonne gestion").
Pour info, rappelons tout de même que les dispositions de restitutions aux exportations, versées aux grands industriels de l’industrie agroalimentaire dans le but d’exporter des surplus ponctuels de céréales, de produits laitiers et de viande sontbien maintenues, elles... Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.
L’Union européenne est l’une des régions les plus riches de la planète. Pourtant, 17 % des Européens ont si peu de ressources qu’ils ne peuvent couvrir leurs besoins élémentaires.
Cependant, il semblerait qu'un espoir subsiste : la Commission Emploi et Affaires sociales (oui, ca existe) au Parlement européen a déposé une question à la Commission pour réclamer que ce programme existant depuis 1987 puisse être rétabli. On peut toujours rêver...
2010, année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale
Vous pouvez oublier ce truc : c'etait en 2010. On n'en parle plus. Y'a plus de pauvres ni d'exclusion sociale. Elle est pas belle, la vie ?
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